Lire,
faire du sport, et cuisiner de bonnes choses : le programme d’une Sorcière
en vacances. Forcément, lire quelques grimoires traitant de sortilèges et
autres ripailles… mais sous l’angle de l’art et de l’histoire, on apprend plein
de choses, et ça c’est encore plus enrichissant que de nouvelles
recettes !
Grimpe
les escaliers en colimaçon de la tour, Voyageur (arrête de ronchonner, c’est
bon pour le cœur) : je t’emmène rendre visite au Dragon de la bibliothèque
pour te montrer tout ça.
*
Assise au beau milieu de la salle aux grimoires, la Sorcière contemple avec
satisfaction et impatience une pile de bouquins vacillante. Le Dragon, lui, de
son œil doré enchâssé dans une lucarne, contemple avec perplexité ce petit tas
de nouveaux parchemins et la pancarte sibylline qui le surmonte : PAL. La
Sorcière saisis le premier parchemin de la pile, commence à lire… et le Dragon souffle
un rond de fumée satisfait comme la lumière se fait dans son esprit : PAL,
Pile À Lire. Ah ah ! *
Une
revue pour commencer, presque entièrement consacrée à la gastronomie française
du Moyen-âge à nos jours. Un panorama que j’ai trouvé passionnant, très bien
documenté tout en restant accessible : si on n’y connait rien en histoire
de la gastronomie, c’est un bon moyen de s’y initier en douceur.
Dans
ce très bon dossier, on trouve :
-
une présentation de la cuisine médiévale : les surprenants ingrédients
qu’on accommodait à l’époque, mais aussi l’invention des bonnes manières ;
-
les événements clés : l’importation du sucre et les aliments venus des Amériques ;
-
les grandes figures de la gastronomie française : Vatel, Antonin Carême,
les mères lyonnaises, et cinq portraits de chef au fil des siècles ;
-
dix tables qui ont marqué la restauration française aux XIXe et XXe
siècles, et une histoire des critiques culinaires ;
-
l’origine des grands plats qui ont fait la réputation de la cuisine française
comme le coq au vin ou la bien connue poule au pot d’Henri IV;
-
un cahier de recettes traditionnelles au fil des siècles, de la sauce cameline
médiévale aux fruits rafraichis au champagne des années 50 ;
-
un entretien avec Patrick Rambourg, chercheur spécialisé dans l’étude du goût,
et Daniel Rose, chef cuisinier d’origine américaine
Les
articles sont riches, variés, et enrichis d’une abondante iconographie qui rend
la lecture à la fois agréable et instructive : gravures, enluminures
médiévales, fresques, photos, peintures…
L’histoire
de l’art, mais aussi l’histoire de la cuisine, et finalement l’Histoire tout
court, avec son grand H… Parce que l’histoire de la gastronomie, c’est celle de
l’Homme, les plus grands artistes se sont attachés à représenter l’alimentation,
parfois en la sublimant, le plus souvent dans ce qu’elle a de plus trivial et…
appétissant ! Et si on sait les regarder, les tableaux des grands maîtres,
du Caravage à Chardin, Manet ou Warhol, permettent de se plonger dans les
aspects économiques, politiques, sociaux de leur époque, et de décrypter notre
rapport au monde.
C’est
ce à quoi nous invitent les deux auteurs de ce livre étonnant et captivant,
avec érudition et humour, en analysant 32 tableaux datant du XVIe au XXIe
siècle. Deux doubles-pages sont consacrées à chaque œuvre, comprenant :
une reproduction du tableau, une présentation rapide de l’aliment mis en avant,
une biographie de l’artiste souvent croustillante et enrichie d’anecdotes
inattendues, quelques repères historiques, une analyse détaillée mais courte du
tableau. Pour finir en beauté, une recette tout à fait alléchante en rapport
avec le sujet du tableau. On trouvera ainsi la recette du kouign-aman d’après
la Motte de beurre de Vollon, ou un curry de crevettes à la papaye verte et à
la mangue inspiré de la Femme à la mangue de Gauguin… Comme le disent les
auteurs, l’art nous nourrit au propre comme au figuré !
Un
petit livre dédié à une époque que j’affectionne particulièrement ! C’est
à la table des gens du Moyen-âge que nous invite l’auteur, des festins
princiers aux solides casse-croûtes des paysans, en passant par les agapes des moines.
Car la société médiévale était divisée en trois groupes distincts : les
nobles qui guerroient (bellatores), les religieux (oratores) et les
travailleurs (laboratores), et chacun mangeait en fonction de son statut social.
Du reste, les aliments eux-mêmes avaient un rang ! Aux gens « de la
haute » ce qui pousse et vit en hauteur (fruits, oiseaux), au bas peuple
ce qui pousse sous terre ou vit au sol (racines, bêtes de ferme…). C’est ce
qu’on découvre dans la première partie du livre. Suit un panorama des aliments
courants de l’époque, leur composition, leur mode de préparation, leur histoire,
comme celle des épices par exemple, mais aussi leur rôle dans la société.
Connaissez-vous par exemple l’origine de l’expression « payer en
espèces » ? « espèces » signifie « épices »,
elles étaient si précieuses qu’on les utilisait comme monnaie d’échange.
On
découvre aussi les richesses extravagantes d’un banquet médiéval, où les
maîtres queux se surpassaient pour en mettre plein la vue aux convives, et dans
la foulée une description remarquable du rôle du cuisiner de cour, à la fois artiste et
médecin.
Ingénieur
agronome, sociologue, enseignant en histoire de l’alimentation, Éric Birlouez
sait captiver ses lecteurs grâce à des exemples très concrets et des
informations à la fois pertinentes et amusantes. Il aime son sujet et ça se
sent, c’est ce qui fait de ce livre une vraie réussite !
Et
voila, de quoi s’occuper l’esprit entre deux baignades, ou randonnées, ou pose
de plancher… Enfin, ce à quoi vous passez vos vacances !
Le sport... par cette chaleur... impossible pour moi même si j'aimerais vraiment ! Du coup, je me rattrape un peu quand je vais nager en piscine ;)
RépondreSupprimerJe note pour le Geo, je vais voir si je peux le trouver :)
RépondreSupprimerAlors le sport, en ce moment, c'est rollers sur la promenade de Cagnes sur mer, le soir après le coucher du soleil (de 21h30 à 23h en gros), sinon il fait trop chaud en effet !
RépondreSupprimerJulie : il est en kiosque actuellement, tu devrais le trouver facilement.
Je viens tout juste de découvrir ton blog que j'aime beaucoup! Je peux me permettre de t'ajouter à mes favoris? Merci et n'hésite pas à venir voir mon blog également!
RépondreSupprimerC'est très gentil à toi, avec plaisir ! J'ai parcouru ton blog que je ne connaissais pas, merci pour le partage. Tu vas me donner des idées, je cuisine de plus en plus végé, même si je ne le suis pas...
RépondreSupprimerLe géo histoire a table me tente bien je pense l'acheter si je le trouve !
RépondreSupprimerJe l'ai trouvé très facilement pour ma part, il est encore en kiosque...
RépondreSupprimerEn bas de la Pile à Lire, il y a de la corde, des piolets, de l'eau et des vivres pour dix-huit jours et demi.
RépondreSupprimerC'est le matériel minimum qu'il faut pour espérer récupérer un livre au sommet de la pile.
Et encore : il faut un séjour d'acclimatation à l'altitude pour pouvoir se lancer dans ce genre d'expédition !
Je l'ai trouvé et acheté pour le moment je n'ai eu le temps que de le feuilleter mais ça a l'air très intéressant.
RépondreSupprimerN'hésite pas à me dire si tu l'as aimé !
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