Lemon curd contre les maléfices

Quel maléfice ? Par exemple celui qui a plongé le Donjon et ses occupants dans une hibernation subite et ôté à la Sorcière l’envie de tester des trucs et de houspiller son Chaudron… Tu seras d’accord avec moi Voyageur, il était grand temps de préparer une  crémeuse potion de désenvoûtement bien acidulée (ça réveille), légèrement sucrée et toute soyeuse (ça réconforte). Et voila, les affaires reprennent !

 

 

Pour mon premier lemon curd, pas de sortilège biscornu : j’ai utilisé la méthode de Pierre Hermé comme base… que j’ai finalement adaptée en cours de route. Alors tu me diras « À quoi ça sert d’aller chercher la recette du Maitre si c’est pour ne pas la suivre ? ». Bon, pour commencer, laisse-moi te dire que ton outrecuidance me laisse pantoise, Voyageur. Ensuite, concernant la formule de Pierrot*, je te promets que je partais avec de bonnes résolutions, comme « cette fois je suis la recette à la lettre, gnagnagna… », jusqu’à ce que je me fasse peur en lisant la proportion de beurre qui m’a semblée tout simplement énorme. Bref, j’ai pas mal diminué la quantité de beurre et j’ai ajouté un peu plus de citron, sacrilège pour sacrilège…                                             

A part ce petit détail (ça n’engage que moi bien sûr), la formule de PH est parfaite : c’est la vraie recette traditionnelle, avec du beurre donc, cuite lentement au bain-marie, et sans fécule qui rend la crème moins soyeuse. Et puis il y a son astuce que j’aime beaucoup qui consiste à frotter le sucre avec le zeste de citron finement râpé pour obtenir un parfum citronné intense.

* Maintenant que je modifie ses recettes on est comme qui dirait intimes…

 

 

 

Donc pour cette fois pas de mélange expérimental estrange ; enfin, juste une petite expérimentation (Eh, quand je te dis que les affaires reprennent !) avec la moitié de ma crème au citron en y mélangeant quelques pincées floconneuses de poudre de noix de coco, ça donne, d’après un de mes cobayes habituels, un lemon curd au goût de bonbon. La version classique 100% citron est tout aussi délicieuse et a même convaincu mon Ensorceleur qui était pourtant persuadé de ne pas aimer ça ! Les deux potions ont été dévorées tartinées sur des crêpes et des tartines, mais on peut tout à fait les utiliser comme garniture pour tarte au citron, on pour napper un Petit Suisse, ou encore…

Tu as d’autres idées ?

 

Ce qu'il faut mettre dans le Chaudron

120 g de sucre blond bio

3 gros citrons de Menton non traités

3 œufs très frais

90 g de beurre

+ 15 g de noix de coco en poudre pour la variante exotique

• Sortir le beurre du frigo une heure à l’avance pour qu’il ramollisse et devienne « pommade ».
• Râper finement les zestes des citrons avec une râpe microplane et les mélanger au sucre. Laisser reposer une dizaine de minutes pour que le sucre s’imprègne bien des saveurs du citron.
• Presser les citrons pour recueillir 15 cl de jus. Fouetter les œufs avec le sucre parfumé une minute, verser le jus de citron et faire chauffer doucement au bain marie frémissant (pas bouillant pour ne pas que les œufs coagulent) en remuant sans cesse avec une cuillère en bois jusqu’à ce que la crème épaississe – compter environs 10 minutes.
• Plonger le bol dans un bac de glaçons pour arrêter la cuisson, laisser tiédir puis ajouter le beurre mou en fouettant.
• Verser la moitié du lemon curd dans un petit pot. Mélanger l’autre moitié à la noix de coco râpée et verser dans un autre pot.

 

Notes aux sorciers :

La cuisson de la crème est délicate, remuer sans cesse et faire attention à ne pas faire bouillir la préparation. La crème est prête lorsqu’elle est cuite « à la nappe » (comme pour la crème anglaise), c'est-à-dire que si on passe le doigt sur la cuillère recouverte de crème, la marque reste nette.

Utiliser des citrons non traités, bios de préférence, et de Menton dans l’idéal.

Attention à la température de la crème au moment d’y mélanger le beurre : si elle est trop chaude, le beurre va fondre et phaser au lieu de s’incorporer.

La crème se conserve impérativement au frais, jusqu’à une semaine.