[Livre] Les 1000 automnes de Jacob de Zoet - David Mitchell

Il y a longtemps que je ne t’ai pas entraîné au sommet de l’escalier en colimaçon Voyageur, le Dragon de la bibliothèque doit se sentir bien seul et affamé. Eh, attend, ne t’enfuis pas, je plaisantais voyons ! Et puis ce serait dommage que tu manques un des meilleurs romans du début d’année !

* Le Dragon enchâsse son œil ambré dans la lucarne du toit et observe la scène avec curiosité. Tiens, ce livre-là, il était prêt à parier que la Sorcière essaierai de le faire ingurgiter à l’un de ses appétissants cobayes… Il se souvient de sa maîtresse, tournant les pages avec avidité, le sourire aux lèvres, griffonnant des notes dans les marges, son bol de thé refroidi oublié sur un coin de table. Ca c’est un signe qui ne trompe pas, quand la Sorcière est tellement absorbée par sa lecture qu’elle en oublie son précieux breuvage…*

Ce gros bouquin, ce sont 700 pages à tourner avec émerveillement pour découvrir le Japon du XIXème siècle par les yeux candides de l’honorable Jacob de Zoet. Un vrai choc des cultures en somme !
Jeune clerc intègre, envoyé sur la minuscule île-comptoir de Dejima par la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales pour redresser ses comptes, Jacob va se trouver désemparé face à une société aux règles hermétiques, gangrenée par la corruption, cernée par les espions.
Dans sa solitude, le jeune homme croit trouver le réconfort auprès d’une jeune sage-femme érudite au visage brûlé, dont il va tomber éperdument amoureux. Bien sûr, les choses ne sont pas si simples, et lorsque Mlle Aibagawa est enlevée par le très puissant et pervers seigneur-abbé Enomoto, puis séquestrée dans un monastère où les captives subissent de terribles rituels, Jacob ne peut compter que sur sa subtilité et fort peu d’alliés pour la délivrer… C’est là qu'un samouraï plein d’honneur entre en scène, mais je ne t’en dirai pas plus !

Une langue ciselée, moderne et poétique, presque hypnotique. David Mitchell, c’est un peu le paladin du mot juste, l’archimage de métaphore « plein dans le mille »… Comme là par exemple :
« Derrière les éphélides de son miroir piqué, il observe ses yeux verts et son visage aux taches de rousseur. » (j’ai adoré cette petite phrase, mais il y a bien d’autres)
Les dialogues ne sont pas en reste : vifs, réjouissants, les réparties fusent et font souvent sourire ou trembler avec les personnages. Oui, on s’attache à eux, et c’est un pur bonheur !

Pour résumer (bien que ce roman s’y prête fort peu), tu trouveras dans un même livre : une flamboyante fresque historique qui emprunte au récit de voyage, à l’étude ethnologique, à la comédie picaresque, au roman d’amour fou, au conte gothico-gore… Tu y trouveras aussi quelques haïkus et de nombreux croquis, car Jacob, pour se faire comprendre, dessine avec une précision émouvante. Le résultat est riche, étourdissant, parfaitement addictif.

Il y aurait tant à dire sur l’extraordinaire roman de David Mitchell, mais ne gâchons pas le plaisir de la découverte. Tu veux en savoir plus ? Lis le ! Vite !

(et surtout, fais moi confiance, ne te laisse pas décourager par les 150 premières pages. La mise en place est un peu ardue à cause de nombreux patronymes hollandais et japonais à mémoriser. Quand on n’a pas l’habitude de ces sonorités, on s’y perd un peu).

5 commentaires

  1. tiens le résumé me plait bien, tu connais John Clavell?

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  2. Je ne connaissais pas mais je viens d'effectuer une recherche sur le Net et c'est en effet très proche ! Moi qui n'était pas plus que ça intéressée par l'histoire de l'Asie avant de lire ce roman, maintenant j'ai envie d'en découvrir encore plus. David Mitchell connait bien aussi le Japon puisqu'il y a vécu 6 ans je crois.

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  3. Preums a des rapports fluctuants avec les livres.
    D'un côté il aime bien les mettre à s'attendrir dans le brouet de son écuelle puis en grignotter les coins. Et puis lorsque la Sorcière est tellement absorbée par une lecture, Preums aime bien aller lapper discrètement dans la tasse qu'elle oublie de surveiller.
    Mais d'un autre côté la passion de la lecture amène parfois la Sorcière à délaisser les fourneaux. Preums affamé n'a donc plus d'autre choix que d'aller mettre quelques grimoires de plus à tremper dans son écuelle, puis de dévorer la lecture au même rythme que sa maîtresse...

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  4. Ce n'est pas mon style de livre du moment et pourtant tu me donnerais presque envie là !! MAis c'est vrai que tu as toujours une jolie façon de raconter les choses qui m'a toujours ensorcelée !
    D'ailleurs je viens de voir que t'es trop mignonne d'avoir mon blog dans ta colonne de droite, il faudrait que j'envisage de faire une liste de blog qui racontent de jolies choses comme toi, mais par contre le lien que tu as c'est celui de l'ancien blog, laissé à l'abandon depuis 3 mois pour cause de bugs incessants ;))
    Bonne soirée ma jolie ;)

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